trump-naftali-bennett

Ayelet Shaked avec Naftali Bennett à la Knesset. (photo credit: Flash90)


Par Eric Zuesse | 28 novembre 2016

Bien des reportages et articles indiquent que la politique israélienne du président élu Donald Trump est en accord avec celle de son beau-fils juif orthodoxe Jared Kushner, qui aurait rejoint le parti israélien Le Foyer juif, parti politique nationaliste, conservateur et sioniste religieux souvent classé à l’extrême droite du spectre politique israélien pour son néo-sionisme et qui favorise l’absorption par Israël de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza et voudrait imposer aux Palestiniens les règles du gouvernement israélien, qu’ils l’acceptent ou non.

Le parti Le Foyer juif a été co-fondé par Ayelet Shaked, alors secrétaire de presse de Netanyahou, et par Naftali Bennett. Bennett et Shaked ont été élus à la Knesset (parlement d’Israël) en 2013. Bennett était ministre de l’économie de Netanyahu jusqu’en 2015, lorsque ce dernier l’a nommé ministre de l’Éducation. En 2006-2008, Bennett était le chef d’état-major de Netanyahou. Le 14 mai 2015, Shaked a commencé son service, nommé par Benjamin Netanyahu, en tant que ministre israélien de la Justice, poste équivalent à celui de Procureur général ; elle est donc maintenant dans une position plus élevée au service de son ancien patron Netanyahou.

Le 1er juillet 2014, Shaked a affiché sur sa page Facebook son approbation à une déclaration d’Uri Elitzer, ancien secrétaire de presse de Netanyahou. Shaked a déclaré, dans son message Facebook, que sa déclaration avait été « écrite il y a 12 ans » mais qu’elle est « pertinente aujourd’hui comme elle l’était alors » (c’est-à-dire en 2002). La déclaration d’Elitzer demandait l’extermination de tous les Palestiniens.

Plus précisément, il a exhorté à faire « ce que l’Amérique a fait en Afghanistan, bombardements de localités et création de camps de réfugiés de centaines de milliers de personnes qui ont fui les combats ». Il a exhorté à répondre aux « bombardements » des Palestiniens et que « parmi tous les combattants ennemis […]. il y a aussi les mères des martyrs qui les envoient en enfer avec des fleurs et des baisers. Elles doivent les suivre, elles doivent y aller et mourir, et leur maison dans laquelle elles ont élevé le serpent … D’autres petits serpents grandissent aussi … Les deux maisons, celle de la génération des parents et celle des fils, doivent être bombardées depuis les airs, pour les détruire et tuer. Nous devons expliquer qu’à partir de maintenant, chaque maison d’un martyr sera détruite… Il n’y a rien de correct et d’utile. Chaque bombe humaine aurait dû savoir qu’il emmenait avec lui ses deux parents, sa maison et ses voisins … La liste est longue. C’est la guerre ».

En d’autres termes : traiter les Palestiniens comme les résidents de Dresde ont été traités par Churchill du 13 au 15 février 1945, et comme les habitants d’Hiroshima et Nagasaki ont été traités par Truman pour mettre fin à la Seconde Guerre mondiale. « C’est la guerre », selon Elitzer, et approuvé par Shaked, qui est maintenant ministre de la Justice d’Israël, et qui co-fondateur et co-directeur du parti politique israélien préféré de Trump et de son beau-fils. « C’est la guerre » pas comme à Dresde et Nagasaki mais chaque fois qu’il y a un bombardement en Israël commis par un Palestinien.

La presse israélienne et la presse occidentale, comme l’agence britannique Reuters, présentent le point de vue du Foyer juif comme étant celui soutenu par Trump : la presse affirme qu’avec Trump, la position antérieure des États-Unis en faveur d’une « solution à deux États » – un Etat juif à côté d’un Etat palestinien – n’est plus d’actualité. La solution [finale] du problème palestinien est maintenant : une prise de possession juive de la totalité ou de la plupart des zones palestiniennes. Comme le disait Jonathan Cook: « Les conseillers de M. Trump sur le conflit israélo-palestinien sont plus proches du leader des colonies Naftali Bennett, le ministre de l’Éducation, que de M. Netanyahu. Après la victoire de M. Trump, M. Bennett a declaré: « L’ère d’un État palestinien est finie ».

Cependant, il n’y a pas encore eu de déclaration de Trump en faveur du soutien d’Israël dans sa politique d’extermination des Palestiniens si l’un d’eux « bombarde » Israël – position qui auparavant était louée par le Ministre israélien de la Justice et avant elle par Elitzer, secrétaire de presse de Netanyahou. Peut-être que le président américain Trump ne sera pas d’accord avec l’opinion exprimée par Shaked selon laquelle la déclaration d’Elitzer est « pertinente aujourd’hui comme elle l’était alors » – ni même qu’elle n’ait jamais été « pertinente », même pas en 2002. Une déception considérable pourrait grandir au sein du gouvernement israélien, et du parti politique censé refléter le plus fidèlement le point de vue de Trump.

On se demande si l’un des Trump sait qu’Israël est vu comme une nation ennemie ? Pas un ennemi comme l’Arabie Saoudite, mais tout de même un ennemi des États-Unis. Cela n’a rien à voir avec de l’antisémitisme (ni avec l’anti-islamisme). C’est juste un fait historique. Est-ce que tous les membres du clan Trump ignorent cette histoire (l’histoire prouve que ces « alliés » ont perpétré des attaques majeures et sanglantes contre les États-Unis, qui sont encore couvertes et n’ont jamais été reconnues ? Si Donald Trump s’informe (par exemple en explorant les liens présentés ici), va-t-il modifier fondamentalement les relations internationales des États-Unis en conséquence ?

Selon la Jewish Telegraph Agency, Trump s’entoure de Juifs sionistes conservateurs. Si cela est vrai, il semblerait extrêmement improbable que Trump ait l’esprit ouvert pour aller au-delà des mythes qu’ils contrôlent la politique étrangère des États-Unis, en particulier en ce qui concerne Israël. Ou bien : peut-on s’entourer de ces fantasmes et pourtant aussi s’exposer à des réalités laides qui contredisent leurs fantasmes ? Sinon, serait-il même possible pour Trump de devenir un bon président ?

Eric Zuesse | 28 novembre 2016

Source: Strategic-culture

Traduction ASI