Le gouvernement américain a longtemps toléré et excusé le comportement autoritaire de l’Ukraine, alors même que Washington et ses partenaires de l’OTAN prodiguaient une aide financière et militaire à Kiev. Cependant, il est désormais prouvé que l’appareil de sécurité nationale des États-Unis a activement aidé le régime de Volodymr Zelensky à saper les droits constitutionnels des Américains. CNN fait état de révélations accablantes dans un nouveau rapport de la commission judiciaire de la Chambre des représentants. La commission affirme que le SBU (la principale agence de sécurité ukrainienne) a envoyé au FBI des listes de comptes de médias sociaux qui auraient “diffusé de la désinformation russe”, et que le FBI a ensuite “relayé régulièrement ces listes aux plateformes de médias sociaux concernées, qui ont distribué les informations en interne à leurs employés chargés de la modération du contenu et de l’application de la loi”.
L’Ukraine a un intérêt évident à tenter d’étouffer toute critique de sa politique, en particulier les articles et les analyses qui sapent l’idée selon laquelle la guerre entre la Russie et l’Ukraine est un front crucial dans une lutte mondiale existentielle entre la démocratie et l’autoritarisme. Cependant, il est à la fois honteux et alarmant que le FBI soutienne les efforts d’un gouvernement étranger pour étouffer le débat. C’est pourtant ce qui se passe. Le FBI est apparemment un collaborateur de l’Ukraine, servant d’intermédiaire et de facilitateur pour les efforts de censure de Kiev à l’étranger.
Malheureusement, ce n’est pas la première fois que le gouvernement américain soutient activement l’objectif de Kiev de supprimer les opinions divergentes. Au cours de l’été 2022, le Centre ukrainien de lutte contre la désinformation (CCD) a publié une “liste noire” de critiques. De nombreuses personnalités américaines figuraient sur cette liste, notamment John Mearsheimer, professeur à l’université de Chicago (et célèbre réaliste en matière de politique étrangère), Tucker Carlson, animateur sur Fox News, Tulsi Gabbard, ancienne membre du Congrès, et Doug Bandow, Senior Fellow à l’Institut Cato. Il est particulièrement révoltant que le Congrès ait approuvé le financement de la CCD, rendant les contribuables américains complices des efforts d’un gouvernement étranger pour saper le premier amendement.
L’objectif inquiétant et intimidant de la liste noire est devenu encore plus clair à la fin du mois de septembre 2022, lorsque la CCD a publié une liste révisée (avec les adresses) des 35 cibles les plus importantes au début du mois d’octobre. Cette liste plus restreinte et hautement prioritaire dénonce les critiques comme des “terroristes de la désinformation” et des “criminels de guerre”. Plusieurs Ukrainiens et Russes figurant sur la liste noire ont été assassinés, avec les félicitations des créateurs et des responsables de la liste. Jusqu’à présent, aucun Américain ou autre Occidental n’a connu ce sort, mais le fait de qualifier les critiques de terroristes et de criminels de guerre vise manifestement à encourager les fanatiques.
Il n’est pas surprenant que le gouvernement ukrainien tente d’utiliser toutes les mesures possibles pour faire taire les critiques. L’ensemble du bilan du gouvernement Zelensky montre que les tentatives de présenter l’Ukraine comme une noble démocratie ne sont que des mensonges obscènes.
La dernière collaboration avec Kiev confirme le mépris croissant du FBI et d’autres agences chargées de l’application de la loi et de la sécurité nationale pour les droits fondamentaux des citoyens américains. Il est particulièrement alarmant de constater que cet incident semble n’être qu’une composante d’un effort global visant à étouffer le débat sur d’importantes questions de politique étrangère, telles que la guerre entre la Russie et l’Ukraine. En règle générale, la campagne conjointe du SBU et du FBI a cherché à utiliser les entreprises de médias sociaux comme mandataires pour faire taire les opinions divergentes sur les questions de politique étrangère, comme la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Comme l’ont confirmé, dans un autre contexte, les informations contenues dans les fichiers Twitter ayant fait l’objet d’une fuite, la censure par procuration, plutôt que l’émission d’édits gouvernementaux directs, est devenue la méthode préférée de l’appareil de sécurité nationale de Washington.
Une question clé est de savoir si la collaboration flagrante du FBI avec le gouvernement ukrainien pour faire taire les critiques est unique, ou si une telle collusion avec d’autres régimes a également lieu. Il devrait être plus qu’alarmant de constater qu’une puissante agence américaine sert d’intermédiaire à la campagne d’un gouvernement étranger autoritaire visant à saper le premier amendement. Le travail de la commission judiciaire de la Chambre des représentants ne doit être que la première étape d’un effort d’investigation concerté de la part du Congrès pour dénoncer de tels abus potentiels.
Ted Galen Carpenter, 24 Juillet 2023
Ted Galen Carpenter est maître de conférences au Randolph Bourne Institute et au Libertarian Institute. Il a également occupé divers postes politiques au cours d’une carrière de 37 ans à l’Institut Cato. M. Carpenter est l’auteur de 13 livres et de plus de 1 200 articles sur les affaires internationales. Son dernier ouvrage s’intitule Unreliable Watchdog: The News Media and U.S. Foreign Policy (2022).
Source: Antiwar.com
Traduit par Arrêt sur info
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