Hier, j’ai réalisé deux courts reportages vidéo depuis l’extérieur du Parlement libanais – à l’intérieur d’un cordon militaire qui a totalement bouclé le centre-ville de Beyrouth – sur la nomination du général Joseph Aoun, chef des forces armées libanaises, au poste de président du Liban.

Aucune autre source occidentale ne donne ces détails, pas même le fait qu’il est directement inconstitutionnel qu’un chef actuel ou ancien des forces armées devienne président du Liban.

Ce compte rendu de William Christou est fascinant parce qu’il est le miroir inversé de mon article. Les faits sont les mêmes, mais ils sont présentés sous une lumière néolibérale rose.

Je rapporte que les politiciens libanais ont été directement menacés par la France et l’Allemagne que si le général Aoun n’était pas nommé, les troupes israéliennes ne quitteraient pas le Sud-Liban comme le stipule l’accord de cessez-le-feu.

Le Guardian rapporte que « l’élection du commandant de l’armée accroît la confiance dans le maintien de l’accord de cessez-le-feu ».

Je rappelle les pressions massives exercées sur le Liban par les États-Unis, la France et l’Arabie saoudite pour qu’il nomme le général, en plus de la menace militaire israélienne. Des envoyés spéciaux sont arrivés de Joe Biden (l’envoyé américain étant Amos Hochstein, membre de Tsahal né à Tel-Aviv), du président Macron et de Mohammed bin Salman. Les Français et les Saoudiens étaient d’ailleurs dans la salle au parlement.

Le Guardian considère qu’il s’agit d’une diplomatie internationale « utile ».

La guerre Hezbollah-Israël, ainsi que les pressions extérieures, semblaient avoir permis de sortir de cette impasse jeudi. Dans les jours précédant l’élection, une série de diplomates se sont rendus à Beyrouth pour s’entretenir avec les principales personnalités politiques.

Depuis 13 mois et 14 élections ratées, le Hezbollah et ses alliés bloquaient la nomination du général Aoun. Qu’il soit l’homme des Etats-Unis et d’Israël ne fait aucun doute. Bien que le Hezbollah ait tenté de tirer le meilleur parti du fait d’avoir voté pour Aoun au dernier tour, pour sauver ce qu’il pouvait de l’inévitable, il s’agit sans aucun doute d’une nouvelle défaite pour lui, après l’accord de cessez-le-feu désastreux qui a conduit au lancement le même jour de l’assaut contre son allié Assad.

Il y a une vérité implacable et indéniable. Les États-Unis, Israël et l’Arabie saoudite ont gagné massivement sur le plan géopolitique au Moyen-Orient. La position de l’Iran a été très sérieusement affaiblie. Les tentatives panglossiennes des anti-impérialistes, avec lesquels je sympathise, pour minimiser cet état de fait sont inutiles.

Au cours du mois dernier, la Syrie et le Liban se sont dotés de nouveaux dirigeants dont la principale qualification est d’avoir commandé des forces militaires qui n’ont pas tiré un seul coup de feu contre l’invasion et l’occupation israéliennes de leurs pays.

Le projet du Grand Israël est en bonne voie, avec l’accord de l’Arabie saoudite et de la Turquie en échange de la suppression de l’islam chiite dans les territoires arabes restants. Le rôle désigné d’Aoun est celui d’un marteau contre le Hezbollah.

Craig Murray, 10 janvier 2025

Source originale en anglais Craigmurray.org

Traduction Arretsurinfo.ch