Par Ron Paul |16 octobre 2017 | Ron Paul Institute
Le Président Trump a fait preuve d’une incohérence notoire en politique étrangère. Il a fait campagne et gagné la présidence à grand renfort de promesses : restaurer les relations avec la Russie, se retirer de guerres impossibles à gagner, comme en Afghanistan, et mettre fin à la politique américaine d’édification de nations outre-mer, qui ont démontré leur inefficacité. Une fois en fonction, il a mené des politiques diamétralement opposées à celles promises pendant sa campagne. Malheureusement, l’Iran compte au nombre des rares régions où le président s’est montré d’une parfaite cohérence. En se trompant sur toute la ligne.
Dans son discours présidentiel la semaine dernière, il a exprimé son opinion : l’Iran n’est pas « fidèle à l’esprit » de l’accord nucléaire de 2015 ; il va donc se tourner vers le Congrès pour faire appliquer de nouvelles sanctions contre l’Iran en vue, espère-t-il, de carrément retirer les États-Unis de cet accord.
Presque chacune des assertions de ce discours se sont avérées incorrectes – on en était gênés pour lui. L’Iran n’est pas allié à Al-Qaïda, comme l’a prétendu le président. L’argent que le président Obama a envoyé aux Iraniens, c’était le leur : en grande partie un acompte versé aux États-Unis pour des avions de chasse jamais livrés, à l’époque où, en 1979, l’Iran est passé du statut d’ami à ennemi. Le président prétend tout aussi faussement que l’Iran a l’intention de faire des États-Unis la cible du terrorisme. Il prétend que l’Iran a « alimenté la violence sectaire en Irak » ; or, ce sont les milices iraniennes qui, en 2014, ont empêché l’EI de prendre Bagdad. Je ne relèverai pas toutes les autres fausses déclarations relevées dans le discours du président : elles sont trop nombreuses.
Comment a-t-il pu se tromper aussi grossièrement sur l’Iran, et sur des points aussi fondamentaux ? Voici un indice : on dit dans les médias que son conseiller numéro un sur l’Iran serait son Ambassadeur à l’ONU, Nikki Haley. L’ambassadeur Haley est une « diplomate » convaincue que la guerre est la meilleure option, la première à envisager, et non la dernière et la pire. Elle n’a aucune expérience préalable en politique étrangère, mais son plus proche mentor c’est John Bolton – le néoconservateur dont les mensonges nous ont valu de nous lancer dans la guerre en Irak.plutôt que la pire, à envisager seulement quand toutes les autres ont échoué. Elle n’a aucune expérience préalable en politique étrangère, mais son plus proche mentor c’est John Bolton – le néoconservateur dont les mensonges nous ont valu de nous lancer dans la guerre en Irak. Comment ces gens peuvent-ils se regarder dans la glace quand ils contemplent toutes les victimes et destructions engendrées par leurs politiques ?
Malheureusement les Américains sont en train de se laisser entraîner dans une nouvelle guerre par ces mêmes néoconservateurs. Comme lors de la désastreuse attaque américaine de l’Irak en 2003, les médias attisent les peurs et se prêtent aux surenchères des va-t-en guerre, sans même vérifier les faits ni aborder les allégations des néoconservateurs avec le minimum indispensable de scepticisme.
Comme la plupart des Américains, je ne cautionne pas le style de gouvernement iranien. Je soutiens la séparation de l’Église et de l’État et, même si nos libertés ont été soumises à rude épreuve par notre gouvernement, je donne toujours ma préférence à notre système américain, beaucoup plus libre. Or, je me demande combien d’Américains savent que, dans son histoire moderne, l’Iran n’a ni attaqué ni renversé le gouvernement d’un autre pays. Les actions de l’Iran en Syrie répondent à l’invitation du gouvernement syrien légitime. Et pourquoi le président Trump nous cache-t-il la vérité sur les troupes iraniennes en Syrie : en réalité, elles luttent contre l’EI et Al-Qaeda, deux organisations extrémiste sunnites, ennemies mortels de l’Iran (et de l’Amérique également) ?
Combien d’Américains savent que l’Iran est l’un des rares pays dans la région à tenir effectivement des élections auxquelles participent des candidats aux philosophies très différentes ? Existe-t-il un seul Américain pour se demander pourquoi les Saoudiens sont considérés comme l’un de nos plus sûrs alliés au Moyen-Orient, alors même qu’ils n’organisent jamais d’élections et présentent l’un des pires bilans du monde en termes de Droits de l’homme?
Soyons tout à fait clairs : le président Trump ne s’est pas contenté d’annoncer qu’il « décertifiait » la conformité de l’Iran à l’accord sur le nucléaire. Il a aussi annoncé que l’Iran se trouverait dorénavant dans le collimateur des militaires américains. Les Américains se laisseront-ils de nouveau entrainer, sur la foi d’autres mensonges, dans une nouvelle guerre au Moyen-Orient ?
Ron Paul
Article original: Ronpaulinstitute.org
Traduit de l’anglais par Dominique Macabies pour Arretsurinfo.ch